UEFA et FIFA : pourquoi Israël n’a pas subi le sort de la Russie ?

UEFA et FIFA : pourquoi Israël n’a pas subi le sort de la Russie ?

Le football n’est pas seulement une affaire de terrain : il reflète aussi les rapports de force géopolitiques et les choix des instances internationales. Les trajectoires d’Israël et de la Russie dans les compétitions internationales illustrent de manière frappante cette réalité.

Israël : exclusion puis intégration européenne
Israël était membre de la Confédération asiatique de football (AFC) jusqu’aux années 1970, mais le conflit israélo-palestinien a conduit de nombreux pays arabes et musulmans à boycotter ses équipes. L’AFC a finalement exclu Israël en 1974. Après une brève intégration dans la zone Océanie, Israël a été accueilli par l’UEFA en 1991, puis membre à part entière en 1994. Depuis lors, ses clubs et son équipe nationale participent aux compétitions européennes, de l’Euro à la Ligue des champions.

Mais cette trajectoire soulève une question : pourquoi Israël n’a-t-il pas subi le même type de sanction que d’autres pays coupables de violations graves des droits humains ? Le récent génocide perpétré par Netanyahou sous les regards du monde entier, par l’ampleur des destructions et des victimes civiles, n’a pas titille la FIFA et l’UEFA qui se contentent d’observer la tragédie sans se soucier guère du malheur des victimes.

Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer :

Les pays arabes et musulmans membres de l’AFC, qui ont historiquement boycotté Israël, ne semblent pas avoir exercé de pression comparable sur la FIFA pour suspendre Israël.

Des pays riches et influents sur le plan sportif, comme le Qatar, organisateur de la Coupe du monde 2022, ou l’Arabie saoudite, futur hôte du Mondial 2034, ont un poids suffisant pour influencer les décisions de la FIFA et n’ont pas mené de campagne contre la participation d’Israël. Ils peuvent mobiliser beaucoup d’autres pays de par le monde pour faire pression sur les deux institutions du football mondial et imposer des sanctions contre l’Etat génocidaire.

Russie : sanction totale pour la guerre en Ukraine
À l’opposé, la Russie a été suspendue de toutes les compétitions FIFA et UEFA en 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Cette exclusion a touché l’ensemble de ses clubs et de sa sélection nationale, empêchant le pays de participer à la Coupe du monde 2022 et aux compétitions européennes. Contrairement à Israël, la Russie n’a trouvé aucun substitut compétitif et reste isolée.

Comparaison historique : le cas de l’Afrique du Sud
Cette différence de traitement rappelle l’exemple de l’Afrique du Sud sous l’apartheid. Les violations systématiques des droits humains ont entraîné l’exclusion totale du pays de la FIFA et des Jeux olympiques, jusqu’à la fin du régime en 1990. Cette sanction internationale a été appliquée pour des motifs éthiques et politiques, indépendamment de la géographie.

Deux cas, un constat : le poids de la politique et de la diplomatie
Si Israël et la Russie ont tous deux été exclus de leurs cadres régionaux naturels (AFC pour Israël, UEFA temporairement pour la Russie), la différence majeure réside dans le contexte politique et le rapport de force international. Israël a pu s’insérer dans un cadre européen compétitif malgré les conflits régionaux et les accusations graves, tandis que la Russie a été mise à l’écart en raison de la guerre en Ukraine.

Cette asymétrie soulève des questions sur les « deux poids, deux mesures » dans le sport mondial : les décisions de la FIFA et de l’UEFA ne sont pas seulement dictées par des violations de droit international ou des conflits humains, mais aussi par l’influence des États membres et leur capacité à peser sur les instances sportives.

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