Wassila Bourguiba, une femme qui compte dans l’histoire de la Tunisie

Wassila Bourguiba, une femme qui compte dans l’histoire de la Tunisie
 
 
Wassila Bourguiba, la compagne de Bourguiba est certainement la femme qui a joué un rôle politique majeur lors du règne de son mari. Née le 22 avril 1922,  elle aura eu 104 ans en ce jour. Native de  Béja, elle n’a pas poussé loin ses études. Le seul diplôme qu’on lui connaît est le certificat de fin d’études primaires. Comme les jeunes filles de son époque elle se marie très tôt à un riche propriétaire terrien du Kef Ali Bechadli avec qui elle a eu sa fille unique Nabila.
 
Elle fait la connaissance de Bourguiba à son retour d’exil le 12 avril 1943. Le Zaïm en tombera follement amoureux. Il le lui fait savoir dans des lettres  enflammées en écrivant «  Pourquoi je t’aime comme ça ». Pour lui,  Wassila Ben Ammar( son nom de famille) participe au mouvement de libération nationale et conduit une manifestation à Béja après l’emprisonnement de Bourguiba le 18 janvier 1952.
 
Divorcés de leurs premiers époux, Habib et Wassila se marient au palais Essaadaa à la Marsa le 12 avril 1962, le jour anniversaire de leur première rencontre 19 ans plus tôt. Taïeb Méhiri, maire de la ville préside la cérémonie en présence de tous les dignitaires du pays.
 
Elle devient très vite la maîtresse incontestable du Palais. D’une intelligence vive, dotée d’une forte personnalité, connaissant les humeurs de son mari, aux faits des moindres détails de la classe politique de l’époque,  elle est devenue un acteur incontournable de la vie politique. Ecoutée par Bourguiba qui faisait confiance à ses avis, bien introduite parmi les hauts dirigeants des pays frères et amis, elle faisait la pluie et le beau temps dans les cercles du pouvoir nommant les uns et limogeant d’autres. Elle faisait et défaisait les gouvernements, dit-on.
 
Son pouvoir ne se limitait pas à la politique intérieure. Elle est devenue influente sur la politique étrangère puisqu’on dit que c’est elle qui  s’est opposée à l’union avec la Libye en janvier 1974. C’est elle aussi qui a incité Bourguiba à accueillir la direction palestinienne en 1982 après l’invasion israélienne de Beyrouth.
 
Aux dernières années de la présidence de Bourguiba, celui-ci se détache de son épouse sous  l’influence de sa nièce Saïda Sassi qui devient la régente du Palais. Il la répudie le 11 août 1986.  Elle vit alors à Paris et ne retourne en Tunisie qu’en 1988, une année après la déposition de  Bourguiba pour sénilité au cours du « coup d’état médical du 7 novembre 1987 ». On dit qu’elle au palais, Bourguiba n’aurait jamais perdu le pouvoir.
 
De sa dernière prison à Monastir, le Zaim essaiera plusieurs fois de la faire revenir à de meilleurs sentiments. Elle restera insensible à ses appels. Elle s’est éteinte le 22 juin 1999 à l’âge de 87 ans, juste quelques mois avant la disparition du Père de l’indépendance le 6 avril 2000. Bourguiba et Wassila ont adopté une fille, Hager Bourguiba.
 
Raouf Ben Rejeb
 
 

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