Ahmed Ounaïes fut un grand diplomate mais il doit se taire maintenant !

Ahmed Ounaïes fut un grand diplomate mais il doit se taire maintenant !

 

Ahmed Ounaïes fut certainement un grand diplomate. Ayant fait son entrée au ministère des Affaires étrangères du temps où y officiait Feu Mongi Slim, il fut certainement à bonne école. Il avait, d’ailleurs, servi son pays avec professionnalisme et efficacité dans les fonctions qu’il a occupées au sein de la diplomatie tunisienne, tant à l’administration centrale qu’aux postes à l’étranger, à Moscou et à New Delhi notamment.

Après la révolution, il avait été pendant quelques semaines ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’union nationale formée par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi. Il n’est pas utile de dire les conditions dans lesquelles il avait été dégagé de ce département, car tout cela est du passé. Réputé proche de Feu le président Béji Caïd Essebsi, il avait été parmi les premiers à être décoré de l'Ordre du mérite en diplomatie qui fut créé pour honorer les diplomates les plus illustres.

Cependant, Ahmed Ounaïes sait plus que quiconque le poids des mots en diplomatie. Des crises de grande ampleur entre Etats sont la conséquence de mots déplacés ou de phrase portant à équivoque ou à malentendu, cela aussi il doit en être conscient aussi.

Dans le dossier des relations maroco-algériennes, sensible à souhait, chaque mot compte et chaque prise de position est pesée, sous-pesée. C’est pourquoi, la Tunisie a le souci d’observer une neutralité positive entre les deux grands pays frères et voisins et cela depuis que la question du Sahara occidental a émergé au milieu des années 1970.

Cette position est d’ailleurs appréciée des deux parties, l’Algérie notre voisin immédiat de l’Est et avec qui nous partageons des relations stratégiques et une coordination étroite à tous les niveaux, comme l’autre pays frère tout aussi proche, le Royaume du Maroc auquel nous lie des rapports de fraternité et de coopération séculaires et gravés dans le marbre.

Les développements récents dans ce dossier ne doivent pas nous détourner de cette position pérenne. Bien au contraire, ils doivent nous engager à maintenir une position qui a montré son bien-fondé. C’est pourquoi, il importe que nos grands diplomates ne parasitent pas une position bien réfléchie par des déclarations et des propos qui peuvent être perçus comme une modification de la politique jusque-là conduite.

Surtout que dans certains pays ce sont les anciens, les aînés qui entrainent dans leur sillon les plus jeunes et que leurs positions peuvent marquer des changements dans les politiques arrêtées.

D’ailleurs, l’Algérie a mal pris les déclarations faites sur les médias par Ahmed Ounaïes qui ont rompu avec la neutralité positive que la Tunisie a toujours observée dans le dossier des relations algéro-marocaines surtout en rapport avec la question du Sahara occidental.

Ceci a amené d’ailleurs le ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi à souligner en recevant l’ambassadeur d’Algérie à Tunis que la sérénité des relations entre la Tunisie et l’Algérie ne saurait être perturbée par des positions non officielles qui n’engagent que leurs auteurs. Il a affirmé l’attachement de la Tunisie à la solidité de ces relations fondées sur les valeurs de fraternité et de combat commun dans des épopées historiques que les Tunisiens et les Algériens ont menés ensemble et qui peuvent faire la fierté des générations futures.

Evidemment nos médias en mal de sensationnalisme raffolent de déclarations qui risquent de mettre de l’huile sur le feu. C’est pourquoi, il se trouvera des plateaux qui inviteront l’ancien ambassadeur à répéter ses propos à l’envi, de quoi envenimer un climat pourtant serein de nos relations avec le voisinage maghrébin.

Si on ne peut compter sur eux, il convient d’appeler Si Ahmed Ounaïes à cesser d’ajouter à la confusion en observant le silence compatible avec la position officielle de la diplomatie tunisienne dont il fut l’un des artisans. Il rendra ainsi service à son pays et à cette diplomatie qui lui doit tant, et qui a fait qu’il soit devenu ce qu’il est, un personnage public écouté.

RBR

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