La laïcité, c'est une liberté noble de croyance

La laïcité, c'est une liberté noble de croyance

Le président et coordinateur de "Commission nationale consultative pour une nouvelle République", chargée de rédiger un nouveau projet de Constitution, le doyen Sadok Belaïd voudrait supprimer la référence à l’islam.

Selon le doyen, ceci permettrait de barrer la route à l’islam politique. Il a appuyé son projet par le fait que 80% des Tunisiens s’opposent à l’extrémisme.

Rappelons que Le premier article de la Constitution actuelle adoptée en grande pompe en 2014, trois ans après la chute de la dictature de Zine El Abidine ben Ali, stipule, tout comme la Charte de 1959, que la Tunisie "est un Etat libre, indépendant et souverain, l'Islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime".

L'État républicain, c'est aussi la laïcité

En tant que démocrates dans la bataille pour les idées, nous nous battons à la fois contre les dictateurs et contre les islamistes extrémistes. Les deux combats sont un peu différents. Contre la dictature il est simple et clair, il s’agit de la dénoncer. Le second est bien plus difficile, car il se déroule au niveau des idées. Nous avons à faire savoir que l’islamisme n’est qu’une fausse alternative, un masque plaqué sur le même squelette autoritaire. Nous devons convaincre notre opinion publique que la démocratie n’est pas une marchandise occidentale, mais une technique ubiquitaire de gouvernement comme l’électricité est une technique ubiquitaire d’énergie.

Les pays arabes ont connu l’échec du nationalisme, du panarabisme, du socialisme, et affrontent actuellement celui de l’islamisme. Chacune de ces chimères s’est fondée sur le mythe du groupe salvateur.

Le contrôle de la société, a également échoué car le parti unique a partout explosé dans le monde arabe. Plus aucun pays ne peut y prétendre. Organiser le faux pluralisme, mais toutes ses structures - partis de faux nationalistes arabes, de faux gauchistes, fausses associations féministes - ont échoué à encadrer la « pluralité dictatoriale ».

La laïcité est une valeur essentielle, avec ce souci de la liberté de conscience et de l’égalité de tous les hommes, qu’ils soient croyants, athées ou agnostiques. L’idéal laïc n’est pas un idéal négatif de ressentiment contre la religion. C’est le plus grand contresens que l’on puisse faire sur la laïcité que d’y voir une sorte d’hostilité de principe à la religion. Mais c’est un idéal positif d’affirmation de la liberté de conscience, de l’égalité des croyants et des athées et de l’idée que la loi républicaine doit viser le bien commun et non pas l’intérêt particulier. C’est ce qu’on appelle le principe de neutralité de la sphère publique. La laïcité signifie que dans la société nous sommes définis par notre citoyenneté, et en aucun cas par notre religion.

La laïcité, c’est la liberté : liberté de conscience, de penser, de croire ou de ne pas croire, de douter, de changer d’opinion. Elle donne une protection à nos questionnements intimes. Elle permet des échanges libres et ouverts au-delà de dogmes imposés. Elle est le fruit d’une éducation et d’une réflexion éclairée.

La laïcité, c’est l’égalité : égalité des citoyens en droits et en devoirs devant les lois. Égalité entre les hommes et les femmes. Égalité entre athées, agnostiques, croyants de toutes confessions. Elle veille à ce qu’aucune communauté ne s’empare de la Cité à des fins particulières.
La laïcité, c’est la fraternité : Elle vise à rassembler des citoyens qui se respectent mutuellement comme frères et sœurs en humanité. Au-delà des différences elle nous unit dans un projet commun. Elle est porteuse d’avenir.

Les islamistes réclament une application rigoriste de la Charia comme unique source de loi. La Charia contrôle les deux sphères de la vie du citoyen : publique et privée. Une telle approche existe dans deux états du Moyen-Orient que sont : L’Arabie Saoudite et L’Iran. Deux pays, dont il faut rappeler qu’ils sont en queue de liste en matière des droits de l’Homme.

Le débat entre islamistes et laïques consacre la différence entre deux visions de la société totalement antagonistes. Un état laïc est clairement plus en phase avec les droits de l’homme et les libertés individuelles, contrairement à un état islamiste où la situation des droits de l’Homme pourrait connaitre une régression énorme, non en raison du coran en soi mais surtout à cause de l’interprétation que l’on fait de ce livre saint.

Bref, un parti islamiste peut exister dans un pays laïc (exemple le parti AKP de Recep Tayyep Erdogan en Turquie) mais un parti laïc a peu de chance de voir le jour dans un état islamiste.

Par ces temps médiocres où les intégrismes prospèrent, il appartient à tous les citoyens épris de liberté de chercher sans faillir comment faire vivre l’idéal laïque dans les sociétés actuelles pour assurer le bien vivre ensemble.

J’ai du mal à comprendre que malgré 66 ans d’indépendance, un taux de scolarité qui frôle avec les 95%, une femme libre, des générations parmi les plus éveillées du monde Arabe, voire d’Afrique, une ouverture d’esprit exceptionnelle vers le reste du monde, on continue de traiter ce peuple comme un bébé immature.

Il faut être courageux et clairvoyant pour dire haut et fort que l’unique solution envisageable pour enterrer la dictature et l’intégrisme est la liberté avec un vrai jeu démocratique laïque. Un état laïc où la séparation entre l'État et la religion doit être réalisée. Ainsi on s’éloigne du jeu malsain « Moi ou le chaos intégriste ».

Victor Hugo écrivait " “Le combat de la laïcité est compliqué, réclame patience et pédagogie. Mais il n’est pas perdu d’avance.”

Abdessatar Klai

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