Sadok Belaïd : Kais Saied dispose dans le projet de constitution d’un pouvoir « pharaonique »
Le doyen Sadok Belaïd qui présida la Commission nationale consultative pour une nouvelle République, a critiqué, ce vendredi 22 juillet 2022, le projet de la Constitution soumis au référendum. Il a considéré qu’il instaure « un nouveau régime dictatorial pharaonique » qui donne des pouvoirs sans limites au président de la République.
Il a ainsi déclaré, lors de sa participation à une conférence organisée par la Coalition Soumoud, dans le cadre de la campagne référendaire, que le projet de la Constitution accorde le pouvoir exécutif et une grande partie du législatif au président de la République. "Ceci le rend plus proche du régime pharaonique que de n'importe quel autre régime", a-t-il estimé.
Pour Belaïd, le projet de la Constitution ne va pas résoudre les problèmes socio-économiques tunisiens. "Ce qui me fait peur est que le projet de la Constitution n’a pas accordé d’importance à la question sociale et économique, malgré la crise qui prévaut dans le pays. Il s’est concentré sur des questions politiques qui n'intéressent que Kais Saïed", a-t-il ajouté.
Il a révélé que le président de la République est passé lui rendre visite à l’hôpital, suite à son intervention chirurgicale, accompagné de la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden. "Il m’a ramené une copie du projet de la Constitution et depuis, j’ai su qu’une grande catastrophe allait avoir lieu. Il y a une grande différence entre le projet que j’ai proposé et le sien. Une différence comme celle entre le soleil et la terre...
"Il s’agit d’un texte de projet médiocre, même après les corrections du préambule. Il ne décrit pas les sentiments des Tunisiens mais ceux du président de la République. La première mouture contenait 46 fautes et il est impossible qu’elle soit l’œuvre de Kais Saïed, car il maîtrise parfaitement la langue arabe. C’est un cadre inférieur qui s’est chargé de la tâche", a-t-il noté.
Pour Belaïd le passage du projet de la Constitution soumis au référendum est scellé. Dès la fermeture des bureaux de vote, la Constitution est adoptée et n’attend pour être exécutoire que la signature du président de la République, a-t-il estimé "Ce que nous vivons actuellement est juste un mensonge. Nous ne sommes pas face à un référendum, ni dans la forme, ni par rapport à l'expérience tunisienne en la matière", a-t-il conclu.
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