Le Monde : « la Tunisie fragilisée par les atermoiements de son élite politique »

 Le Monde : « la Tunisie fragilisée par les atermoiements de son élite politique »

 

Le quotidien parisien le Monde consacré l’éditorial de son édition du samedi-dimanche à la situation en Tunisie suite au double attentat-suicide, à Tunis et l’hospitalisation le même jour du président Béji Caïd Essebsi . Ce qui, écrit-il « a mis en lumière les graves carences du processus de « transition démocratique », entamé il y a cinq ans ».

« La coïncidence est purement fortuite mais elle a fait souffler à Tunis un vent d’inquiétude, écrit le journal parisien qui se demande : « La jeune Tunisie démocratique serait-elle plus fragile qu’il n’y paraît ?

« De ces deux mauvaises nouvelles, le double attentat et l’hospitalisation du président de la République, les Tunisiens s’alarment de la seconde plus que de la première. C’est qu’ils ont déjà connu bien pire en matière d’attentats. Le même jour, le président Béji Caïd Essebsi, âgé de 92 ans, était subitement hospitalisé pour « malaise grave ».

« L’hospitalisation du chef de l’Etat présente un risque d’une tout autre nature, mais non moins préoccupant. Au palais présidentiel de Carthage, on s’efforce de rassurer l’opinion publique en laissant entendre que l’état de santé de M. Essebsi est en voie d’amélioration. Il faut l’espérer, pour la pérennité du processus démocratique tunisien, à quelques mois d’un double scrutin législatif et présidentiel ».

Et d’ajouter : « Si l’on s’alarme tant autour de la santé du président de la République, c’est parce qu’une éventuelle incapacité à gouverner de sa part pourrait placer le pays face à un périlleux vide politique. La Cour constitutionnelle, la seule instance habilitée à constater une vacance définitive du pouvoir et donc à encadrer juridiquement le processus de succession, n’a toujours pas vu le jour. La Constitution, adoptée en 2014, a pourtant déjà 5 ans d’âge ».

Pour le quotidien français de référence, « cette carence, due à de mesquins calculs partisans, est une faute politique doublée d’une faute morale. Elle entache et fragilise la « transition démocratique » tant célébrée à l’étranger. La Tunisie ne pourra prétendre devenir un Etat de droit digne de ce nom tant qu’elle sera dépourvue d’une instance de contrôle de la constitutionnalité des lois ».

Selon lui : « de cette infirmité juridique, l’élite politique du pays porte la seule responsabilité. Collectivement, le président de la République, le gouvernement et les partis politiques représentés au Parlement sont à blâmer pour avoir échoué à mettre en place la Cour constitutionnelle ».

« En tergiversant comme ils l’ont fait, ils s’exposent au soupçon de chercher à entretenir un flou juridique susceptible de maintenir certaines impunités. Comme si les turpitudes de l’ancien régime n’étaient toujours pas vaincues. La population tunisienne en est aujourd’hui la première victime », conclut-il.

Lire l’éditorial dans son intégralité :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/29/la-tunisie-fragilisee-pa...

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