Les dessous d’une non rencontre entre Chahed et Salvini

Les dessous d’une non rencontre entre Chahed et Salvini

Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, est l’homme fort dans son pays qu’il a même représenté au dernier sommet européen. Homme d’extrême droite, « il a le verbe acéré, l'insulte au bord des lèvres et, comme son idole Donald Trump, le tweet assassin » selon l’Express. Sa visite en Tunisie programmée depuis quelques semaines vise en premier lieu à faire pression sur le gouvernement tunisien pour le « rapatriement des Tunisiens arrivés illégalement en Italie, et à bloquer l'émigration irrégulière ».

Depuis le mois de janvier, sur 21 024 migrants arrivés en Italie, on comptait 4 487 Tunisiens.

« La priorité était de bloquer les centaines de milliers d'arrivées incontrôlées que nous avons vécu ces dernières années », a souligné Salvini, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue tunisien Hichem Fourati. « Nous travaillons avec les autorités tunisiennes pour (...) raccompagner en Tunisie ceux qui viennent de Tunisie », a poursuivi le ministre italien. 

« S'ils s'avèrent qu'ils sont tunisiens et que leurs empreintes digitales sont traitées par les autorités tunisiennes, ils seront rapatriés », a de son côté déclaré le ministre tunisien. 

Toutefois, le ministre italien qui devait rencontrer le chef du gouvernement Youssef à 16h00 de l’après-midi de jeudi 2018, pour tenter de le dissuader d’accepter la mise en place de centres d’accueils de migrants clandestins, a dû pour des raisons d’agenda selon son le chargé de communication auprès du chef du gouvernement, l’annuler pour rentrer immédiatement dans son pays. Or, le ministre de l’intérieur Hichem Fourati a affirmé que Matteo Salvini ne prévoyait pas un entretien avec le Chef du gouvernement, en réponse aux rumeurs autour du refus de Youssef Chahed de rencontrer le responsable italien.

Cependant, les dessous de cette non rencontre sont à chercher ailleurs. La guerre froide entre les chefs de l’exécutif n’y est pas étrangère. Toute visite officielle est préparée par l’ambassade de Tunisie dans le pays concerné en étroite collaboration avec les services compétents du ministère des affaires étrangères dans ce pays. Notre ambassadeur à Rome Moez Sinaoui, était le communicant de la présidence et il est réputé très proche du chef de l’Etat Béji Caid Essebsi. Usant de ses compétences il aurait fait passer la rencontre avec le président de la république en priorité pour des raisons compréhensibles :

  1. Le président de la république « détermine les politiques générales dans le domaine des relations étrangères ». Il est également le président du Conseil de la sécurité nationale. Or, Salvini n’est pas un simple ministre mais il est également vice- président du Conseil italien et il est, comme indiqué là-haut, l’homme fort dans son pays.
  2. Béji Caid Essebsi s’était déjà rendu en Italie quand il siégeait à la Kasbah en 2011 et avait reçu son homologue italien à l’époque Silvio Berlusconi avec qui il avait convenu d’une solution pour les jeunes migrants tunisiens entrés illégalement en Italie.
  3. La question de la migration clandestine ne saurait être traitée en dehors de la crise en Libye. Sur ce plan, le président Béji Caid Essebsi a lancé une initiative commune avec Alger et le Caire pour tenter de la résoudre. D’ailleurs Matteo Salvini s’est déjà rendu en Libye avant de visiter la Tunisie.

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