Reconnaissance de la Palestine: La France entre principes, diplomatie et devoir de justice

Reconnaissance de la Palestine: La France entre principes, diplomatie et devoir de justice

De la Déclaration de Venise en 1980 à la récente Déclaration de New York, le chemin diplomatique en faveur d’une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien s’est tracé dans la continuité, mais non sans obstacles. 

La Déclaration de Venise, adoptée par la Communauté européenne, affirmait déjà le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et soulignait que l’Organisation de libération de la Palestine devait être partie prenante des négociations. 

Quarante-quatre ans plus tard, la Déclaration de New York réaffirme cette ligne : la paix ne peut être atteinte que par le respect intégral du droit international, la protection des civils et la reconnaissance des droits inaliénables des Palestiniens, notamment la création d’un État souverain sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.

Dans cet esprit, la France a renouvelé sa condamnation ferme de tout massacre ou attaque indiscriminée visant les populations civiles palestiniennes, rappelant que de telles violences sont contraires aux Conventions de Genève et aux résolutions des Nations unies et peuvent constituer des crimes de guerre. 

Paris insiste sur l’urgence d’un cessez-le-feu, de la levée des blocus entravant l’accès humanitaire et du respect des principes universels des droits de l’homme. Elle rejette toute mesure unilatérale, qu’il s’agisse d’annexions, de déplacements forcés ou de destructions massives, qui compromettrait la viabilité d’un futur État palestinien.

Si la France soutient le droit des Palestiniens à disposer de leur État, elle estime que sa reconnaissance officielle doit intervenir dans un contexte politique propice à la relance des négociations, afin que cet acte ait un véritable impact diplomatique. 

Cette prudence de l’État contraste parfois avec la sensibilité d’une large partie de l’opinion publique française, qui, émue par les drames humains, réclame des actions plus rapides et plus fermes. Cette différence traduit la tension entre l’élan populaire, souvent guidé par l’urgence morale, et la diplomatie officielle, qui s’inscrit dans une logique de médiation et de long terme.

Les évolutions géopolitiques récentes, notamment les Accords d’Abraham signés en 2020 entre Israël et plusieurs pays arabes, ont modifié le paysage régional. 

Si la France salue toute initiative susceptible de réduire les tensions, elle rappelle que ces normalisations bilatérales ne sauraient remplacer un règlement global du conflit israélo-palestinien. Elle insiste sur le fait que la question des droits palestiniens reste centrale et que toute paix durable doit passer par la reconnaissance mutuelle et la justice.

Sur le plan économique, Paris souligne que tout accord commercial avec Israël doit se conformer strictement au droit international, en particulier concernant les produits issus des colonies implantées dans les territoires occupés. L’Union européenne a déjà établi que ces produits ne peuvent bénéficier des avantages tarifaires prévus par les accords bilatéraux, conformément aux décisions de la Cour de justice de l’UE.

Les Nations unies, dont la position est reprise dans la Déclaration de New York, maintiennent que la solution à deux États est la seule voie réaliste vers une paix durable. Elles condamnent toutes les attaques visant les civils, appellent à un accès humanitaire sans entrave et réaffirment que le droit du peuple palestinien à l’autodétermination est inaliénable.

De Venise à New York, en passant par les débats suscités par les Accords d’Abraham et les enjeux liés aux échanges commerciaux, un même message persiste : sans justice, sans application stricte des conventions internationales et sans reconnaissance des droits fondamentaux des Palestiniens, il ne pourra y avoir ni paix ni stabilité au Proche-Orient. La France, aux côtés de la communauté internationale, réaffirme qu’il est temps de transformer les principes proclamés en actes concrets, pour que le droit l’emporte enfin sur la force et que la paix devienne une réalité durable.

Par Ines Morchdi
 

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