Jacques Chirac : une amitié indéfectible envers le Président Bourguiba

 Jacques Chirac : une amitié indéfectible envers le Président Bourguiba

 

L’ancien président français Jacques Chirac, décédé jeudi dernier aura droit ce dimanche et demain lundi l’hommage de la France, au cours d’une cérémonie aux Invalides, puis à une autre, plus solennelle à l’Eglise de Saint-Sulpice, à Paris en présence de chefs d’Etat et de gouvernement étrangers.

Sympathique, proche du peuple et aimé par lui, celui qui aura marqué le paysage politique français pendant un demi-siècle doit être surpris lui-même par l’émotion réelle qu’a suscitée sa disparition, lui qui n’a plus aucune fonction officielle depuis plus de douze ans.

Si son bilan au plan national est mitigé, son action sur le plan international a été saluée par les grandes capitales du monde, à l’exception des Etats Unis et d’Israël, puisqu’il s’était opposé en 2003 à l’invasion américaine contre l’Irak et n’a jamais caché sa sympathie à la cause palestinienne. Connaisseur du monde arabe plus qu’aucun des autres chefs d’Etat de la Véme République, il a entretenu des rapports privilégiés avec cette partie du monde.

Le Maghreb lui était particulièrement proche. Ainsi outre ses relations très fortes avec le Maroc de Hassen II et de son successeur Mohamed VI, Jacques Chirac avait été parmi les rares présidents français à avoir été applaudi lors d’un bain de foule chaleureux dans les rues d’Alger qu’il avait arpenté en compagnie de son homologue Abdelaziz Bouteflika.

Pour la Tunisie, on continue de croire qu’il avait été un soutien à l’ex-président Ben Ali puisque c’était lui qui avait parlé de « miracle tunisien » lors de la visite d’Etat qu’il avait effectué en Tunisie en octobre 1995. Pourtant s’il avait été un ami fidèle de la Tunisie, c’est envers le Président Habib Bourguiba qu’il vouait une indéfectible admiration.

Il estimait tant et si bien le bâtisseur de la Tunisie moderne, qu’il avait tant de fois œuvré à rompre le silence que l’ex-président voulait maintenir autour de son prédécesseur dans sa « dernière prison » à Monastir. Ainsi lors de cette visite a-t-il fait porter une lettre signée de ma main au Président Bourguiba qu’il avait confiée à son fils Habib Bourguiba Jr.

Dans cette lettre jusque-là inédite, Jacques Chirac écrit :

Monsieur le Président, Très cher ami Au moment où pour la première fois, je foule le sol tunisien en tant que président de la république française, je tiens à vous adresser un message personnel de fidélité et de grande sympathie.

Nous avons eu l’occasion dans le passé de nous rencontrer à plusieurs reprises et nous avons eu ainsi des relations personnelles particulièrement confiantes. J’ai connu en vous l’ami exigeant et sûr de notre pays.

Bâtisseur de la Tunisie nouvelle, vous avez conduit votre pays sur la voie de développement économique et du progrès social.. Ce trop bref séjour m’aura permis de constater que la Tunisie d’aujourd’hui continue dans la voie que vous avez tracée et que l’œuvre que vous avez accomplie pour construire votre pays a été non seulement sauvegardée mais développée.

Je vous exprime tous mes vœux de bonheur et de bonne santé pour vous-même et vos proches. Je vous prie de croire Monsieur le président à l’assurance de ma considération, de mes sentiments respectueux et de mon très fraternelle et cordiale amitié Au cours de la même visite,

Jacques Chirac tiendra à rendre un hommage, public, cette fois-ci à Habib Bourguiba lors du discours qu’il fera à Tunis lors de cette visite en octobre 1995.

Il dit notamment, en présence de Ben Ali :

« Ici, et en cette occasion, je veux rendre un hommage solennel à votre prédécesseur, le Président Habib BOURGUIBA, cette grande figure du monde contemporain. Alors que le Proche-Orient s’enlise dans les conflits, comment ne pas évoquer le courage et la vision de celui qui, dès 1965, appelait les Etats arabes à ouvrir les voies de la paix ? Alors que beaucoup de pays, dans cette partie du monde, s’interrogent sur la façon de conjuguer religion et modernité, respect des traditions et ouverture au monde, comment ne pas rappeler cet acte d’une audace inouïe que constitua la promulgation, à l’aube de l’Indépendance, d’un code du statut personnel particulièrement moderne et avancé ? La Tunisie montrait le chemin en reconnaissant aux femmes une très large égalité de droits qui leur permettait de conjuguer les forces au service du pays ».

Lors du décès du Combattant suprême en avril 2006, Jacques Chirac sera parmi les rares chefs d'état étranger à faire le déplacement pour prendre part aux funérailles du président Bourguiba à Moanstir. 

L'ancien président comptait du reste beaucoup d'amis tunisiens. Parmi ces dernies figure le plus parisien des Tunisiens, feu Hédi Mabrouk qui fut pendant une quinzaine d'années ambassadeur de Tunisie en France; Hédi Mabrouk invitait souvent Jacques Chirac en Tunisie. C'était d'ailleurs lors d'une de ses visites à Tozeur qu'il rencontra la dévin tunisien Taleb Ammar qui lui avait prédit qu'il serait président de la République française. Ce qui adviendra en mai 1995. Jacques Chirac restera dans cette fonction jusqu'en mai 2007.

RBR

 

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